Nouvelles de la Terre Sainte
Lundi matin, au cours d'une cérémonie à laquelle ont participé les trois Églises chrétiennes responsables du statu quo du Saint-Sépulcre - l'Église grecque orthodoxe, l'Église catholique et l'Église arménienne - la première pierre a été levée pour commencer les travaux du sol de la basilique. La collaboration entre nous est importante, ont estimé les représentants des communautés chrétiennes. Le custode de Terre Sainte, le frère Francesco Patton, le patriarche grec-orthodoxe, Théophile III, et le grand sacristain du Patriarcat arménien, Sevan Gharibian, représentant le patriarche Nourhan Manougian, étaient présents ce lundi à la cérémonie de levage de la première pierre du projet de préservation et de restauration du sol de la basilique du Saint-Sépulcre à Jérusalem. Les travaux, qui font suite à ceux réalisés il y a environ six ans par le Patriarcat grec-orthodoxe sur le sanctuaire de la Tombe du Christ, sont menés par la Custodie de Terre Sainte en collaboration avec l'université La Sapienza de Rome, le Centre de conservation et de restauration "La Venaria Reale", l'École polytechnique de Milan et les entreprises Manens de Padoue et IG Ingegneria Geotecnica de Turin. Une courte liturgie a eu lieu devant le sanctuaire de la Tombe, avec trois prières en grec, latin et arménien, rapporte la Custodie de Terre Sainte, puis Théophile III a pris la parole, rappelant l'expérience de la restauration précédente et exprimant son enthousiasme pour la poursuite des travaux. La collaboration des communautés chrétiennes pour la restauration du Saint-Sépulcre «La restauration de ce sanctuaire est un signe d'espoir pour le monde», a déclaré le patriarche grec-orthodoxe. «Nous sommes profondément reconnaissants à tous les experts qui ont rendu ce projet possible et nous sommes convaincus qu'il permettra de mener à bien le projet de restauration de la Rotonde de l'Anastasis, qui a débuté il y a des années, et du reste du sol de la basilique». Dans son discours, le custode de Terre Sainte a expliqué que la pandémie avait ralenti les projets sur le Saint-Sépulcre, mais qu'aujourd'hui, dans ce contexte historique, «la coopération aux travaux de restauration prend un sens différent, car c'est le lieu où Jésus est devenu la pierre angulaire de l'Église». L'archevêque Gharibian a également souligné l'importance de la coopération entre les différentes communautés chrétiennes pour les travaux de restauration, puis les représentants des trois communautés et des organismes concernés se sont rendus dans le couloir devant la sacristie franciscaine pour le levage de la première pierre du dallage à partir duquel commenceront les travaux, qui comprennent, entre autres, d'éventuels travaux de sécurité sur le sanctuaire de la voie, ainsi qu'une attention aux systèmes électriques, hydrauliques, mécaniques, spéciaux et anti-incendie. Les fouilles archéologiques se poursuivront pendant plus de deux ans Les travaux commencés ce lundi comprennent une fouille archéologique particulièrement complexe, qui durera plus de deux ans et demi. «Le travail réalisé par les chercheurs de notre université dans l'un des lieux les plus sacrés pour les chrétiens et d'une grande importance historique et artistique est une source de fierté» , a déclaré la rectrice de La Sapienza, Antonella Polimeni, «et confirme le leadership de l'université au niveau international, également dans le domaine des sciences humaines» . Pour les activités archéologiques, coordonnées par Francesca Romana Stasolla du département des Antiquités, une équipe interdisciplinaire a été mise en place, composée d'archéologues du département des Antiquités, d'historiens et d'historiennes de l'art. En 2019, la Custodie de Terre Sainte, avait confié au département des Antiquités les recherches archéologiques liées au projet de restauration du sol de la basilique. Une base de données sur la basilique et son histoire a été créée, des solutions ont été étudiées pour rendre la documentation des objets plus efficace et plus rapide, et des missions ont été effectuées à Jérusalem pour coordonner et préparer les activités archéologiques, pour lesquelles le département a obtenu un permis de fouille des autorités israéliennes. Tiziana Campisi pour Cité du Vatican Source – Vatican News Photo : © archives photographiques personnelles lds
Mgr Pierbattista Pizzaballa, patriarche latin de Jérusalem, a présidé ce samedi 16 avril la célébration de la Vigile pascale solennelle, dans l’église du Saint-Sépulcre de Jérusalem. Devant le tombeau du Christ, il a appelé tous les chrétiens à aller proclamer la bonne nouvelle de la Résurrection à travers le monde. L’Évangile de cette Vigile pascale nous invite à méditer sur la place des femmes au tombeau, qui ont suivi Jésus tout au long de son ministère puis lui sont restées fidèles jusqu'à la fin, a expliqué Mgr Pizzaballa. L’archevêque s’est particulièrement arrêté sur «le courage de ces femmes» , premiers témoins qualifiés de l'évènement de la Résurrection. Ce sont elles, en effet, qui sont physiquement présentes non seulement pendant la Passion et la crucifixion, mais aussi jusqu'au moment même de l'enterrement, afin de pouvoir examiner en détail la manière hâtive dont Jésus est enterré. « Un geste de soin et d'attention, un vrai geste d'amour, que la mort ne peut arrêter» , a-t-il noté. Ce sont ces mêmes femmes qui, le premier jour de la semaine, découvrent la violation du Tombeau. «Luc insiste sur leur attitude très humaine: elles sont confuses et troublées (…). Mais, malgré leur peur, faisant preuve d’un grand courage, elles retournent raconter aux onze et aux autres disciples ce qu'elles viennent de vivre. Et ne sont pas crues.» Ces femmes «concrètes» possèdent un nom, et une mission : que la joyeuse nouvelle de la Résurrection soit annoncée pour la première fois. «Sans le courage de ces femmes, sans cet amour gratuit qui les a rendues capables de voir et de croire l'humainement impossible, les disciples seraient restés enfermés derrière leurs peurs» , a affirmé Mgr Pizzaballa. L’Église doit partir à la recherche du Ressuscité Le Cénacle est l'endroit «d'où l'Eglise doit partir à la recherche du Christ ressuscité», a ensuite médité Mgr Pizzaballa. Ce lieu est un message pour chacun de nous, et nous invite à nous aventurer dans le monde pour essayer d’y comprendre le sens caché des signes de la présence du Christ. Pourtant, tout comme les apôtres devant le tombeau vide, nous aussi sommes peut-être tentés de chercher Jésus «parmi les morts». «Nous sommes tentés de crier au Maître et de le supplier de mettre fin à la culture de la mort et de la destruction (…), au déracinement de civilisations entières et au sort de millions d'immigrants déplacés. Face à cette réalité, la joie de Pâques semble lointaine» , a reconnu le patriarche latin de Jérusalem. La Résurrection du Christ est pourtant bien une réalité que nous pouvons toucher, et non un fondement éthique fait de valeurs politiquement correctes, a-t-il affirmé. Depuis Pâques, le Christ Ressuscité est présent et à l'œuvre dans le monde. «Nous devons réapprendre à chercher ce fleuve (d’eau vive), comme les femmes de l'Évangile, comme Pierre et Jean.» Car «le Christ est l'espoir de ceux qui ne restent pas enfermés dans leur propre sécurité, qui s'aventurent à le trouver dans ce monde troublé». Il a souhaité que l’Église, où la joyeuse nouvelle de Pâques a été annoncée pour la première fois, soit un phare d'espoir pour le peuple de Dieu sur le chemin de l'Évangile. «Soyons les premiers à marcher ensemble, comme les femmes le matin du dimanche de Pâques ; soyons les premiers à courir pour annoncer la bonne nouvelle de l'espérance en la Résurrection, ensemble, sur la même route, en proclamant au monde la raison de notre espérance en Celui qui est vraiment ressuscité !» , a conclu Mgr Pizzaballa. Vatican News Photo : © archives photographiques personnelles lds;
La guerre en Ukraine, les nouvelles tensions entre Israéliens et Palestiniens ou la Covid-19, n'arrêtent pas les pèlerins en Terre Sainte. Il est possible d'atteindre les lieux de Jésus sans être dérangé, explique don Andrea Simone, guide de l'Œuvre romaine des pèlerinages -l’Opera Romana Pellegrinaggi-, qui, avec le recteur de la grotte de Nazareth, frère Bruno Varriano, invite tout le monde à s'unir à la prière pour la paix en ce mois marial. La Terre Sainte est à nouveau un carrefour pour les fidèles et les touristes, après deux années de pandémie et alors que la guerre en Ukraine secoue l'Europe et le monde. « L'aspiration à la paix s'accompagne d'inquiétudes, mais n'obscurcit pas la joie d'être des pèlerins sur les traces du Christ, » comme le raconte Simone Illiano, qui fait partie du groupe qui se trouve en Terre Sainte, sous la direction du père Andrea Simone, de l' Œuvre romaine des pèlerinages (ORP). «L'aéroport Tel Aviv-Ben-Gourion redevient un carrefour des cultures et des accents les plus disparates», nous écrit-il alors que le groupe visite des sites israéliens et palestiniens: «Juifs orthodoxes et chrétiens latins, musulmans, coptes et protestants reviennent sur les Lieux saints». «Des souks bondés de Jérusalem aux chemins moins connus de Galilée, qui traversent le désert et mènent à la Judée, tous les lieux pivots des sentiments religieux qui ont leurs racines historiques dans ces terres sont à nouveau bondés de pèlerins du monde entier» , se réjouit-il. Le message du Christ à travers le pèlerinage Simone Illiano nous dit que «les autorités israéliennes n'ont pas été prises au dépourvu face à la nouvelle vague touristique espérée qui s'est abattue sur le pays depuis le début de la nouvelle année: si le test covid effectué 72 heures avant le vol du pays d'origine est négatif, pour entrer en Israël, il est nécessaire de subir un autre test rapide, dont le résultat déterminera une éventuelle quarantaine dans l'établissement d'accueil» . De son côté, l'Œuvre romaine des pèlerinages n'a jamais cessé de travailler pour planifier la pleine reprise de sa mission: remplir sa fonction pastorale de diffusion du message du Christ à travers l'instrument du pèlerinage. La joie d'un retour aux grandes foules « Les théologiens parlent de la théologie du salut, ici nous découvrons la géographie du salut, » explique le père Andrea Simone, qui a participé au pèlerinage de juillet 2021 du groupe de prêtres et de journalistes marquant la reprise des voyages après les confinements. Dans ce cas, les lieux étaient certes accessibles dans une dimension particulière de recueillement silencieux, mais ils étaient aussi inhabituels en raison de l'absence de fidèles, qui sont toujours les pierres vivantes de l'église. Don Andrea se dit aujourd'hui enthousiasmé par le retour des pèlerins. Proximité du Pape avec la Custodie Simone Illiano nous dit avoir ressenti l'écho des paroles que le Pape François a adressées aux frères de la Custodie de Terre Sainte lors de sa visite en mai 2014: «Si une présence chrétienne est encore possible en Terre Sainte, » avait souligné le Pape, « c'est grâce à vous» . Illiano rappelle que personne n'aurait pu imaginer que les années suivantes videraient les lieux de culte, obligeant les pèlerins à renoncer à l'un des voyages les plus édifiants pour la foi. Personne ne pouvait imaginer à quel point les événements pandémiques, insistant sur un pays déjà secoué par des affrontements géopolitiques non négligeables, allaient ébranler les petites réalités économiques locales. Et il affirme que dans ce contexte, l'importance de la Custodie se fait, plus que jamais, sentir. Il souligne combien le tourisme revêt une importance fondamentale pour l'économie locale. Le tourisme chrétien, en particulier, est la seule source de subsistance pour les quelques communautés chrétiennes qui vivent dans ces lieux et qui sont inévitablement affectées par les difficultés entre l'État d'Israël et les Territoires palestiniens. Il a ensuite rappelé l'importance de l'engagement des frères. À Bethléem, par exemple, «ils n'ont jamais cessé d'organiser des cours d'artisanat professionnel pour les enfants de la région, car la vente d'objets religieux aide les communautés locales». Prier pour la paix en et avec la Terre Sainte L'expérience de la foi est vécue de manière particulière par ces pèlerins, qui rentreront en Italie le mercredi 4 mai, également en raison des troubles et des épisodes de violence qui, entre Israël et les Territoires palestiniens, ont causé jusqu'à présent la mort d'au moins 15 Israéliens et 27 Palestiniens en quelques semaines. Il y avait une certaine appréhension au début du voyage, ont-ils expliqué, mais les assurances données par l'ORP, qui surveille et modifie en temps réel le parcours des visites en fonction de l'actualité, comme dans le cas de la visite de l'Esplanade des Mosquées, fermée par les autorités pour éviter l'exacerbation des tensions, ont été significatives. Plus significatif que jamais est l'appel à tous les croyants à s'unir dans la prière en profonde communion avec la Terre Sainte. Fausta Speranza pour Cité du Vatican Source – Vatican News Photo : © archives photographiques personnelles lds;
Les évêques de la Coordination de Terre Sainte ont achevé, ce 26 mai, leur pèlerinage de solidarité annuel dans la région. Après cinq jours de rencontres avec les chrétiens locaux, ils réitèrent l'importance de la présence chrétienne en Terre Sainte. Et exhortent les catholiques occidentaux à y revenir en pélérinage. «Jérusalem est une ville juive, chrétienne et musulmane. Elle doit rester un patrimoine commun et ne doit jamais devenir le monopole exclusif d’une seule religion» . C’est ce qu’affirment les évêques de la Coordination de Terre Sainte (en anglais, Holy Land Coordination), originaires d'Europe et d'Amérique du Nord, qui ont achevé ce 26 mai leur visite dans la région. Créée en 2000 dans le but de soutenir les communautés chrétiennes de Terre Sainte, la Coordination de Terre Sainte prenait cette année pour thème de réflexion «Jérusalem, lieu de l’âme - Une mère qui nous éduque et nous fait grandir» . Une occasion de redire au monde l’importance de la présence chrétienne dans la ville et en Terre Sainte, et d’attirer l’attention générale sur les difficultés économiques et politiques auxquelles les chrétiens locaux restent confrontés. Les cinq jours de rencontres et de colloques se sont ainsi tenus dans le contexte du récent décès de Shireen Abu Aqleh, journaliste chrétienne palestinienne, abattue dans la ville de Jénine le 11 mai dernier. Soutenir les communautés chrétiennes locales Citant les paroles du patriarche latin de Jérusalem, Pierbattista Pizzaballa, selon lequel «il est de notre droit et notre devoir de chrétiens de soutenir l’ouverture et l’universalité de la ville », les évêques de la Coordination de Terre Sainte rappellent que «la communauté chrétienne est essentielle pour l’identité de Jérusalem, à la fois maintenant et à l’avenir» . Sa présence permanente est pourtant menacée par l’occupation et l’injustice, expriment-ils, et «beaucoup de ceux que nous avons rencontrés doivent faire face à la violence et à l’intimidation des groupes de colons, à des restrictions à leur liberté de mouvement ou à la séparation de leurs familles en raison du statut qui leur est accordé» , peut-on lire dans le communiqué concluant leur visite. Les évêques relèvent également «les préoccupations » exprimées au cours de leurs rencontres par la communauté chrétienne locale, «à cause des restrictions unilatérales à la liberté de culte imposées par la police israélienne pendant la Pâque» . Condoléances à la famille de la journaliste Shireen Abu Akleh Dans leur déclaration finale, les évêques ont également fait mention de l’assassinat de la journaliste chrétienne palestinienne Shireen Abu Akleh, et de «la profonde douleur et la colère des chrétiens locaux» pour cette mort et pour «l’attaque honteuse contre les participants à ses funérailles». Parmi les différentes problématiques signalées dans le texte figure également la dénonciation des «conditions de pauvreté» dans lesquelles «des personnes de toutes origines» sont contraintes de vivre également à cause de la pandémie. Au milieu de ces défis apparaissent cependant des signes d’espérance, ont tenu à témoigner les évêques. Parmi eux, la présence d’organisations chrétiennes qui assument la responsabilité du bien-être de leur communauté et de la société et qui «travaillent sans relâche pour soulager les difficultés et améliorer les vies» . «Nous avons rencontré des jeunes qui, malgré les violations quotidiennes de leurs droits humains fondamentaux, refusent d’être la dernière génération de chrétiens de la ville» , soulignent-ils également. Un appel à revenir en Terre Sainte La déclaration se termine par un appel aux pèlerins à retourner en Terre Sainte et à soutenir financièrement, autant que possible, les chrétiens de toute la région. «Il est essentiel que tous les pèlerins comprennent et s’engagent dans la réalité de la vie de la communauté chrétienne locale» , lancent-ils. «Un véritable pèlerinage en Terre Sainte devrait être un voyage de foi, de rencontre et de solidarité.» Le Pape François a affirmé de son coté la valeur universelle de Jérusalem, qui va au-delà de toute considération de nature territoriale. La Coordination de Terre Sainte souhaite qu' «inspirés par le Christ, notre paix, tous les chrétiens (...) contribuent à préserver le caractère sacré de la ville et à promouvoir une vision authentique de Jérusalem comme lieu de dialogue et d’unité.» Claire Riobé pour Cité du Vatican Photo : © archives photographiques personnelles lds;
Les frontières de l'Etat d'Israël ont rouvert en janvier 2022, après deux années de crise sanitaire. Entre soulagement et crainte face à l'avenir, guides et commerçants de Terre Sainte espèrent que l'été 2022 sonnera un retour à une «vie normale». Témoignages. Certains parlent d'un «soulagement immense» , d’autres, d’une «attente qui n’en finit pas» . Le retour des touristes en Terre Sainte, progressif ces derniers mois, est inégal selon les territoires. Dans des lieux de pèlerinage tels que Jérusalem, ou Nazareth en Israël, des dizaines de groupes affluent depuis février vers les sanctuaires et hôtels. La plupart, originaires des Etats-Unis et d’Europe. En territoires palestiniens, les conséquences économiques de la crise pèsent toujours lourdement sur les locaux. Dans les villes de Bethléhem ou de Jéricho, à proximité du site du Jourdain, les guides et commerçants attendent désespérément le retour des pèlerins. Une reprise en dents de scie On se souvient de 2019 comme d'une année record en terme d’affluence touristique en Terre Sainte. C'était avant que la pandémie de Covid-19 ne mette brutalement fin aux vols dans la région et laisse sans travail des milliers d'employés de cette industrie. Après plus d'un an et demi d'arrêt, le tourisme a timidement repris en novembre 2021, lorsque l’Etat israélien a ré-autorisé l'ouverture de ses frontières. Une décision sur laquelle il est revenu en décembre, avant de finalement autoriser les vols touristiques vers Israël en janvier 2022, sous respect de strictes mesures sanitaires. Selon l’Association du transport aérien international, en février dernier, les voyages en Israël étaient ainsi toujours inférieurs de 60 % à leur niveau d’il y a trois ans. Par la suite, le déclenchement brutal de la guerre en Ukraine, le 24 février 2022, a freiné de nombreux départs en voyage, constatent les guides touristiques sur place. La flambée des prix du gaz ou du blé à l’international, et l'inflation générée, a dissuadé beaucoup de voyager. Un «soulagement incroyable» George Safar est guide francophone de Terre Sainte, basé à Haifa et à Jérusalem. «Je peux dire que j’ai travaillé quasiment en continu avec des groupes importants. On revit après deux ans de stress », témoignage-t-il. Ce catholique de rite syriaque s'inquiète d'une possible fermeture des frontières, si la situation sanitaire venait de nouveau à se déteriorer. Il partage cependant sa joie d'avoir pu recommencer à travailler, et demande à tous les pèlerins de penser à venir dans les mois à venir en Terre Sainte. Son soulagement est partagé par Laure Joubran, théologienne chrétienne habitant à Nazareth, en Israël. Elle et son mari tiennent depuis 20 ans une entreprise de bus touristique. Leur vie de famille, rythmée à l'année par la venue des pèlerins, a repris peu à peu un cours normal ces derniers mois. «On revit, ça a été juste un soulagement incroyable» , raconte-t-elle. «Les gens continuent de prier et d'espérer» La réalité à autre à Bethléem, en territoire palestinien, où 90% de l’économie dépend de l’industrie touristique. Les pèlerinages n’ont pas repris au même rythme qu’en Israël et les guides et commerçants travaillent aujourd’hui à 30% de leur rythme habituel. Le père Rami Asakrief, ofm, est frère franciscain et l'actuel prêtre de la paroisse latine de Bethléhem. Il continue de soutenir spirituellement les habitants, dont l’attente des pèlerins semble n’en plus finir. «Les gens continuent de prier et d'espérer, mais les résultats se font attendre. Je sais que le Seigneur est toujours avec nous, et c'est ce que je preche à mes paroissiens ici (...) », indique-t-il. Plusieurs centaines d’employés des hôtels et restaurants de Bethléhem ont dû quitter leur poste pour trouver du travail à Jérusalem. Tous espèrent que la saison estivale permettra à la ville de retrouver, en partie du moins, les touristes qui remplissaient ses rues ces deux dernières années. Claire Riobé pour Cité du Vatican Photo : © archives photographiques personnelles lds;
Après deux décennies de bataille juridique, le patriarcat grec-orthodoxe de Jérusalem, situé en vieille ville, vient de perdre deux biens fonciers, au profit de l'organisation juive ultra-nationaliste Ateret Cohanim. Entretien avec Mgr Shomali, vicaire du Patriarcat latin de Jérusalem. C'était une «bataille perdue d'avance» . La Cour suprême israélienne a validé, le 8 juin au soir, l'acquisition de biens fonciers de l'Église grecque-orthodoxe dans la vieille ville de Jérusalem par une association de colons israéliens. Après près de vingt ans de procédures juridiques, l'organisation ultra-nationaliste juive Ateret Cohanin est désormais autorisée à occuper trois hôtels localisés dans les quartiers chrétiens et musulmans de la vieille ville. Une menace physique, religieuse et culturelle Pour Mgr William Shomali, vicaire du Patriarcat latin de Jérusalem, la perte de ces propriétés va modifier l’aspect du quartier chrétien de Jérusalem-Est. «Les deux hôtels situés dans notre quartier peuvent accueillir des centaines de colons, qui sont armés et violents. Pour nous, cela signifie qu'ils peuvent, à n’importe quel moment, arrêter la circulation du quartier chrétien, arrêter les processions du Patriarcat latin, ou encore nous faire subir des vexations en toute impunité» , avertit-il. Une menace physique, religieuse et culturelle à venir, estime-t-il, dont les Palestiniens chrétiens seront les premières victimes. «Nous ne voulons pas que notre quartier devienne un quartier de colons. Pour nous, c'est comme si nous achetions deux grands hôtels à Mea Shearim [quartier juif ultra-orthodoxe de Jérusalem-Ouest, ndltr]. Chacun doit avoir son espace pour respirer» , insiste-t-il. Mgr Shomali reconnait «une faiblesse de la part du patriarcat orthodoxe» , dont les employés ont reçu des «pots de vins» en 2004, les poussant à signer avec Ateret Cohanin la vente des deux hôtels. Le vicaire patriarcal de Jérusalem signale cependant une «sympathie de la Cour israélienne envers les colons», qui a fait de cette question juridique une bataille perdue d'avance pour les chrétiens de la vieille ville. Judaïsation de la vieille ville Des colons d'Ateret Cohanin avaient déjà pris possession, le 26 mars 2022, d'une partie de l'hôtel Petra, sans qu'un ordre d'éviction n'ait été émis, et alors que l'affaire n'était pas encore tranchée par la Cour israélienne. Pour le Patriarcat grec-orthodoxe, la décision du 8 juin dernier est «injuste» ; elle enterine des méthodes «malhonnêtes et illégales» de la part des colons, dans l'un des endroits les plus symboliques de la présence arabe musulmane et chrétienne de Jérusalem. Mgr Shomali dénonce de son côté un mouvement de judaïsation de la vieille ville, déjà entamé ces dernières années. L'entrée du quartier chrétien, où passe la route de la Porte Neuve, serait à titre d'exemple devenu «un bar à ciel ouvert». Les Israéliens y vont et viennent «pour boire une bière ou un café» , souligne-t-il, participant à transformer d’un des rares espaces toujours réservés aux chrétiens palestiniens. Absence de garantie internationale Mgr Shomali demande aujourd'hui à ce que le statut de Jérusalem soit protégé, de sorte que toutes les communautés et tous les pèlerins puissent y circuler sans menace. «Jérusalem doit être une ville ouverte à tous, avec des droits égaux pour tous, où chacun respecte l’autre» , exige-t-il. Reste aux communautés chrétiennes à demander des garanties à la communauté internationale, pour protéger le statut particulier de Jérusalem. «Nous n’utilisons jamais la violence (...). La seule chose que nous pouvons faire, c'est de parler et mettre la pression. Des promesses orales ne suffisent pas, nous le voyons très clairement ici: l’absence de garantie internationale a mené à la victoire des colons» , affirme Mgr Shomali. La justice israélienne doit encore trancher sur un autre volet de cette bataille juridique, concernant le sort des résidents palestiniens qui ont le statut de «locataires protégés» , selon Assaad Mazzawi, avocat du patriarcat grec-orthodoxe. Entretien réalisé par Claire Riobé – Cité du Vatican www.vaticannews.va Photo : © Patriarcat Latin de Jérusalem